L'escadre française parti de Toulon avait été aperçue par une voile anglaise faisant route vers l'Amérique. Cette frégate fit son rapport et aussitôt,13 bâtiments anglais prirent la même destination. En Manche,la flotte anglaise commandé par l'amiral Keppel forte de 22 voiles se déployait bientôt rejoint par 5 vaisseaux supplémentaires. Depuis quelques années déja,de longs convois de bois convergeaient vers la Bretagne,du chanvre travaillés par 1 200 cordeliers travaillaient cette fibre venant de Russie ( Riga) ,du lin,des fournitures de toutes sortes étaient rassemblées et stockés. Les voileries,menuiseries et forges retentissaient de milliers des milles bruits des différents corps de métiers préparant maintenant l' avitaillement pour trois mois a la mer. Depuis Tourville,on avait plus vu une telle activité. Des esquifs de toutes tailles sillonnaient la rade de Brest en se frayant un chemin entre les coques des navires guerres rassemblés.Une nouvelle foret semblait avoir poussée sur l'eau,une foret de mats.


Brest est noyé de pluie,le temps est mauvais,de violentes rafales de vent mêlées d'embruns venant de l'ouest giflent la rade et la ville.
Pourtant,bravant les éléments,quelques voiles sortent afin d'éclairer la flotte sur un éventuel appareillage.
Le 8 juillet,a bord du 110 canons la " Bretagne" l'amiral d'Orvilliers est réveillé a 2 heures du matin. " Amiral,le vent souffle du nord et régulièrement !". Aussitôt des ordres sont donnés,des pavillons montent aux drisses du navire amiral et d'autres pavillons ou flammes montent aux matures des différents navires de la flotte lui répondent l'aperçu. Signal a tous de désafourcher. Ici et la,roulements de tambours retentissent,des ordres fusent. Peinant en chantant au cabestan,les matelots relèvent les ancres. Lentement,majestueusement, la flotte appareille et défile dans le goulet et après avoir doublée les sinistres " Pierres Noires",met en panne. De toutes parts les canots sont mis a l'eau et convergent le navire amiral pour connaitre les ordres du Roi.
Une fois le cachet de cire brisé et le message déplié,le message du Roi est on ne plus explicite:" Rendre aux armes de France le prestige dont elles jouissaient autrefois. Le souvenir des malheurs français et des fautes doit être complètement effacé ".
Les ordres de Sa Majesté sont que les vaisseaux attaquent avec la grande vigueur et se défendent toujours jusqu’à la dernière extrémité. La lecture du message fut suivi de vibrants " Vive le Roi !" repris en échos sur tous les navires.
Et ce fut ce que l'histoire retiendra: Ouessant
La croisière de la flotte française s'établi vaille que vaille malgré quelques coups de vents contraires,mais par vent modéré et permit de ne pas trop contrarier quelques exercices ordonnés par l'amiral. Le vent est irrégulier en force et e direction,certains navires ne sont pas a leur place. Il faut constamment reformer la ligne de bataille,et cela devient urgent,car au loin viennent apparaitrent une vingtaine de voiles. Mais la flotte anglaise subit les mêmes problèmes. La flotte française a réussie a se former beaupré sur poupe régulièrement a 60 mètres d'intervalle. Mais la mer grossit,le vent se renforce obligeant les vaisseaux a manœuvrer pendant quatre jours et quatre nuits pour conserver une certaine cohérence. Par une nuit d'encre 5 vaisseaux s'égarent dont le " Duc de Bourgogne" de 80 canons qui commandait la 2 eme division blanche et bleue.
La bataille connue plusieurs phases dans une mer déchaînée,ce qui obligeaient les vaisseaux a fermer les mantelets de leurs batterie basses. Mais ainsi,ils étaient privés de leur principale puissance de feu.Dans une première phase ,les deux flottes couraient dans le même sens.Les Anglais encore en paquet remontaient le vent avec des vaisseaux puissants,dont un 100 canons qui devint célèbre plus tard le " Victory", sur les Français qui semblaient fuir.
D'Orvilliers donna l'ordre a la flotte de " virer vent devant tous a la fois".Les terriens appellent cela faire un tète a queue.
Mais faire exécuter cela a des dizaines de vaisseaux dans une mer déchaînée,faut le faire ! Comme dans un ballet,la manœuvre fut exécutée a la perfection.
Les deux flottes vont cette fois se croiser a six cent toises l'une de l'autre additionnant leur vitesse.C'est cette phase que représente le tableau de Gudin du Musée de la Marine.
Mais notre puissance de feu va se trouver affaiblie,le vent se renforce et les vagues sont menaçantes. La puissance du vent incline l'ensemble du corps de nos vaisseaux vers l'ennemi,nous obligeant a fermer les mantelets de nos batteries de 36 livres.
L'effet contraire,les vaisseaux anglais eux, vont pouvoir s'en servir. Les ponts sont tellement inclinés que les canons,après avoir fait feu,reviennent d'eux mêmes en batterie. Les servant sont obligés de les déhaler pour les recharger.
La" Bretagne " fonce sur le " Victory " et tire violemment plein bois.
Le Victory peint par John Chancellor
Navire de 64 canons anglais,ce type de navire fut progressivement retiré de la ligne,aussi bien du coté anglais que français,sa batterie principale étant trop basse ne pouvant servir par mer particulièrement formée.Certains furent transformé avec succés en frégate de 24 coté anglais. Coté français nous privilégions la construction de 74 canons plus puissants.
Peinture de John Chancellor
Figure de proue du vaisseau la " ville de Paris" vraisemblablement inspirée d'une fontaine de la capitale
Bouteille tribord du même vaisseau dans sa 1 ère version,le tableau de poupe sera modifié par la suite,plusieurs tableaux d'origine anglaise montrant un dessin en fer a cheval lors de la bataille des Saintes plus tard.
Le " Victory subit aussi les bordées de la " Ville de Paris ".
Il fut secouru extrémiste par le " Prince George " et le " Formidable " ( 90 canons). La "Ville de Paris" du tirer des deux bords contre un 80 canons le " Foudroyant " qui eu l'impudence de vouloir lui couper la route. Ce vaisseau eut sa coque fracassée,trois des ses sabords de sa batterie de 32 livres réunis en un seul trou béant Sur le point de succomber,il fut sauvé par un 74,
le " Courageux "qui s'interposa entre" la Ville de Paris" et lui.Le Victory est sur le point de couler mais se maintient,il est gravement endommagé. Le défilé par la contre marche continu,et les vaisseaux sont si proche que les soldats embarqués utilisent les nouveaux fusils modèle 1777 flambants neufs. Six vaisseaux anglais rasés comme des pontons sont en petit paquet a l'écart de la mêlée et ont la chance d’être prit en remorque par leurs frégates avant que l'on n'envoie les nôtres pour les amariner.
Coque du 80 canons la " Couronne" qui lui aussi s'est particulièrement distingué pendant cette bataille
Tableau de poupe de l' Amphion ( 50 pièces). Dernier navire de cette force,il eut une carrière mouvementée.
Lancée en 1748,refondu en en 1764, a la bataille de Ouessant,il lutta avec ses malheureux 12 livres et ses pétoire de 6 et 8 livres de gaillard contre des ennemis très supérieurs. En partie dégrée,le feu a bord,sa coque percée comme un écumoire,étant le navire ayant le plus souffert,il dut sortir de la ligne et parvint a regagner Brest. Il participa par la suite a l'escorte de convois aux Antilles,il se distingua brillamment dans différents engagements sous d'Estaing,La Motte-Picquet et de Guichen. Il finit sa carrière a Rochefort en en 1787.

Le feu cessa vers 1h30 du matin et le silence se fit après trois heures de canonnades intensives. Onze vaisseaux anglais sont dégrées et assez endommagés,la flotte français ,elle, par contre est prête a nouveau a en découdre. Un 74 canons le " Diadème" fonce sur le " Victory en train de panser ses blessures et lui tire un coup de semonce au raz de son étrave. Extraordinaire,l'Anglais ne répond pas! Il fait demi-tour avec son escorte et rejoint le reste de l'escadre. La flotte française ,tous feux allumés,en ordre de bataille multiplie les provocations. Rien n'y fait et lentement rentre dans ses bases.
Un grand moment dont la flotte française aurait marquée d'une manière plus éclatante et décisive,mais avec des Si et des Mais....
Le retour a Brest fut triomphale et eut un énorme retentissement dans tout le royaume. Des Te Deum furent donnés dans tous les églises. Le mythe de l’invincibilité anglaise avait vécu.
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