par Captain CHRIS Mer 2 Aoû 2017 - 9:18
J'ai regardé ce documentaire une seconde fois hier soir, et là, j'ai l'impression que les archéologues se sont pas mal fourvoyés sur la question délicate du calfatage des navires antiques égyptiens
On explique dans le film qu'ils ont pensé qu'un assemblage serré par des chevillages tenons/mortaises et après gonflement du bois par l'humidité absorbée suffirait à rendre la carène totalement étanche, ce qui bien sûr, s'est avéré faux
C'était oublier un peu vite que la fibre de chanvre était largement utilisée pour les cordages, et que le bitume était très abondant en surface, et bien connu, notamment en Judée : deux ingrédients qui permettent de calfater des coques à francs bords sans problème
Je doute fort que les Anciens aient ignoré cette technique dans la construction d'un navire hauturier
Pour les bateaux fluviaux du Nil, la technique du boudin de roseau était très différente : la flottabilité était assurée par l'air emprisonné dans les tiges de roseaux, et l'épaisseur des boudins cousus ensemble (même technique que nos toits en chaume, ou que celle des barques du lac Titicaca dans les Andes)
Par contre, faute de rigidité suffisante, et en l'absence de quille, il fallait prévoir un câble étrésillonné (un peu comme le tendeur de nos anciennes scie à bois), la torsion du câble au moyen de l'étrésillon permettant de raidir la structure, qui, en outre, n'était pas soumise à la houle
Paradoxalement, dans le film, on voit un tel montage, bien que le bateau reconstitué soit monté sur quille en bordé premier
Je suppose que la conception de la reconstitution a repris le bas relief initial, où l'on voit un tel raidisseur de pont, ce qui colle bien avec le fait qu'on ne voie aucun couple de renfort sur les séquences où est montrée la coque brute sur son ber de montage
On voit la grande différence avec le bateau des Vikings, où ce sont l'assemblage à clins de bordés de bois dur et élastique et sa souplesse naturelle qui assurent à la fois la solidité et l'étanchéité de la coque, dont la forme générale est bien mieux pensée
Pour moi (je me trompe peut-être), la modélisation du bordé à partir d'une relique de bateau probablement fluvial trouvée dans le Delta du Nil a été une erreur qui aurait pu facilement coûter très cher aux amateurs qui ont pris part à cette expérience
Amitiés,
Christian